WEBINAIRE de la FWB: SPORT AU FÉMININ (part 1)

Quelques réactions au webinaire du 23/09 consacré à la promotion du sport au féminin. 1ère table ronde: Sport pour toutes.
Ecrit par Lola Mansour

Jeudi dernier avait lieu le second round du webinaire à l’initiative de la Fédération Wallonie-Bruxelles et de la Ministre des Sports, Valérie Glatigny. Une bonne et indispensable démarche enfin prise en considération par le pouvoir politique.
Au programme, 2 tables rondes autour des thématiques suivantes: “Sport au féminin: adapter l’offre et lutter contre toute forme de violence”. J’ai voulu partager mon ressenti d’un débat que nous avons suivi à distance avec Clotilde (mon chat Haut Potentiel)😸

Composition de la table ronde 1:

  • Jean-Paul BRUWIER, co-fondateur du programme “Je Cours Pour Ma Forme”, directeur-fondateur du Zatopek Magazine
  • Emilie SINIA, Olympienne (hockey) et Hockey Development Coordinator pour la Ligue Francophone de Hockey
  • Hélène GUERARD, Senior Consultante Immobilier & Développement Territorial, IDEA Consult
  • Alexandre MOUTON, Professeur à l’Université de Liège

“Les femmes sont moins compétitrices que les hommes” -ou le faux départ de ce webinaire🚩

Les discussions étaient lancées depuis quelques minutes à peine et certains propos me donnaient déjà envie d’aller enfoncer ma tête dans le congélateur, dans mes packs d’edamame. Tout commence par un état des lieux d’Olivier Courtin (Adeps) qui égrène comme un curé des chiffres éloquents sur les pratiques sportives en FWB en fonction des genres. Sans surprise, les résultats sont sans appel:

70% des fédérations sportives sont des bastions masculins
15% des fédés ont +/- une parité H-F au niveau des licencié.e.s
15% des fédés ont une majorité de femmes (dont la gym, l’équitation & le patinage artistique)

Il est également indiqué que les femmes adultes ont tendance à pratiquer du “sport libre” (34%), càd en dehors de toute structure organisée: marche, fitness, natation, jogging, danse & yoga.

Revoir ces stats à 3’28” de la vidéo (partagée en fin d’article) ou sur http://www.plus-sportives.be

—> Pourquoi ces inégalités?

Petit tour de table et Jean-Paul Bruwier est le premier à mettre les pieds dans le plat:
SPORT STRUCTURE = COMPÉTITION = Masculin
SPORT LIBRE (SANS COMPÉTITION) = Féminin
CQFD : “Ces femmes auraient moins ce sentiment de compétition
Toujours selon son analyse, les femmes préfèrent pratiquer le sport pour leur bien-être et la liberté d’esprit.

Quelqu’un.e ? Une réaction SVP? Petite contextualisation? No one?

A cela, Emilie Sinia ajoute que les clubs sont en effet plus axés vers la competition et négligent les sections “loisir”. Or, le plaisir est un élément essentiel pour motiver les jeunes (en particulier les filles puisque -pour rappel– et on le rappellera à plusieurs reprises- sans questionner la cause- sans jamais évoquer certaines normes sociales auxquelles elles sont conditionnées dès le berceau– elles sont moins attirées par la compétition).

Puis Hélène Guerard complète le propos, en mentionnant des infrastructures sportives saturées (en testostérone): il n’y a donc pas de plages pour des activités différentes. Entre autres, pour les activités prisées par un public féminin, tournées vers le loisir et le bien-être🦋💫🌈🥬🌸🕊

A 10’45”, Anne Ruwet (journaliste sportive à RTL-TVI et animatrice de la table) pose délicatement la cherry on ze cake:

“Ce serait un bel objectif de pouvoir développer cet aspect loisir et de l’assurer totalement sans avoir ce désir de compétition qui n’est pas forcément le moteur premier pour une femme?”


Autre différence (biologique?) selon Mr. Mouton👨‍🔬

Au tour d’Alexandre Mouton de nous faire bénéficier de son expertise en terme de différence H-F dans la pratique sportive. Parmi plusieurs facteurs, il rappelle celui de la santé. Or, “les femmes sont davantage sensibles à cette santé. Des études démontrent, par exemple, qu’elles ont tendance à emprunter plus souvent les escaliers que les hommes”.

Est-ce réellement une question de santé ou s’agit-il de course aux calories? Ne seraient-elles pas davantage soucieuses de leur silhouette, matraquées par des
injonctions de régimes et des canons de beauté? Peut-être est-ce aussi lié au fait que les femmes sont moins statiques dans les espaces publics car “traîner” en toute quiétude à l’extérieur reste un privilège de la gente masculine?
Je (me) pose la question, tout simplement…🤷‍♀️


Restée sur ma faim, je vous invite à vous nourrir sans modération des avancées et expériences canadiennes dans ce domaine, dont on pourrait s’inspirer sans trop mettre en péril le patriarcat 😉 . Voici quelques solides ingrédients qui manquaient au débat:


”Les filles reçoivent, avant l’âge de 17ans, au-delà de 250 000 messages de différents médias leur disant quoi manger et à quel type de femme ressembler physiquement. Une majorité de ces messages ne les encouragent pas à être physiquement actives.”

Extrait d’article sur la pratique sportive au Québec, travaux de la Dre Guylaine Demers (Canada)



Sous-représentation des femmes parmi les encadrantes. “Choix personnel ou manquement des fédérations?”

+/- 12’ de vidéo

Second constat: le manque d’encadrantes, de coaches et de femmes aux postes à responsabilité au sein des instances sportives.

JP Bruwier se félicite de l’évolution au sein de son projet “Je Cours Pour Ma Forme”: “30/31% de dames qui encadraient les entraînements et après une dizaine d’années, on est passé à 34/35%”. En jogging la parité serait quasi atteinte avec 45% de femmes pour les courses (15km de Liège/20km de Bxl).
Il précise enfin: “On tend vers une parité et les choses se mettent petit à petit en place mais peut-être que des mesures de discrimination positive pourraient aider à accélérer le mouvement”.

Emilie Sinia confirme cette sous-représentation, notamment dans le hockey et mentionne avec justesse le plafond de verre que les femmes ne parviennent toujours pas à atteindre. Au hockey, les choses commencent à bouger grâce à des personnalités fortes prêtes à occuper le terrain, comme Joy Jouret (citée par Émilie), Jill Boon ou Sofie Gierts. “Mais ce n’est clairement pas la norme”, conclut-elle.

Quid de la “culture” du sport en Belgique?

Diffusion du témoignage de Claire Michel (triathlète), qui partage son expérience aux États-Unis où la culture du sport est bien ancrée et complètement intégrée dans le système éducatif américain. Elle se réfère à l’amendement “Title IX” de 1972 qui interdit toute discrimination sur base du sexe dans les programmes d’éducation soutenus par l’Etat. Les écoles et universités ont donc l’obligation de proposer le même nombre de sections pour les sportifs et sportives. Et leurs bourses sont également octroyées de façon équitable. Cette loi a permis à des équipes féminines très performantes de se développer(football, basket, volley, etc.). Goddess bless America!🗽🇺🇸 (du moins, uniquement pour ce point!!!).

En Belgique, la place du sport est très différente (comme l’indiquent les 2 X 50min hebdomadaires d’ “éducation physique” en ségrégation imposée, dans les écoles secondaires). Contrairement aux USA (au Canada, à la France, aux Pays-Bas, à l’Allemagne, au Japon, au U.K,… et j’en passe!), chez nous, pratiquer un sport à haut niveau n’est pas nécessairement un ascenseur social. Ca ne permet pas d’avoir accès à des études supérieures, voire des universités prestigieuses. En revanche, nous pourrions nous inspirer de ce système pour les clubs et fédérations sportives qui bénéficient de subsides et fonds publics. Baby steps 🍼😄

  • Projet GIRL POWER (hockey): Big up au projet Girl Power (détaillé par Émilie à 24’05’’) qui agit dans le milieu du hockey par différentes campagnes de sensibilisation et actions de terrain. Par exemple, l’excellente idée de distribuer des cartons d’invitation pour les copines et camarades de classe (type cartes d’anniversaire) pour les encourager à venir essayer le hockey dans un club.👏💪🏒



Des adolescentes en voie de disparition. Pourquoi?

Nouveau constat: à partir de 12ans, l’activité physique a tendance à diminuer chez les filles.
Nouveau cours de génétique de Mr. Mouton, je cite: « On constate, après la puberté, une diminution temporaire des performances et on peut souvent se dire ‘je suis moins performante, je veux arrêter’ ».


Car, nous le savons tous et toutes, seules les filles sont touchées par la puberté…

A cela, il propose de les rassurer de la manière suivante, je re-cite: « Non, c’est normal, ça fait partie du développement normal de chaque jeune »

Ouf! Nous voilà rassurées. Merci pour ces éclaircissements !
Il propose ensuite plusieurs solutions, parmi lesquelles:

  • Initiations dans les écoles
  • Proposer des activités pour les mères (et les parents) pendant les cours de sport des enfants

(je vous laisse tirer vos propres conclusions car je m’impatiente d’écrire le point suivant)

L’intervention A RETENIR!!!

A 33’ 45’’ (et je vous recommande vivement d’écouter ce passage car je vais uniquement paraphraser quelques uns de ses propos🦜), Edith Maruéjouls, Directrice Générale de l’AROB (Atelier Recherche Observatoire Égalité) s’exprime sur la question de la mixité dans les cours d’éducation physique, les activités sportives et dans l’espace public.

La mixité dans les cours de sport, c’est travailler les relations filles-garçons (futur.e.s hommes-femmes). Ca permet de compenser des échanges peu présents dans les cours de récréation ou les espaces publics. Il s’agit d’un terrain propice à la rencontre, aux échanges, à la coopération et à la déconstruction de certains a priori sur le sexe opposé. Car c’est l’absence de relation qui crée la violence.
Au niveau des enseignants et étudiants, ça montre l’égale valeur F/H dans l’autorité de compétence quel que soit le public. Alors, quel message envoie-t-on lorsqu’on impose la non-mixité? Pourquoi le refus de mélanger?

Pour rappel: A partir de l’école secondaires et dans l’enseignement supérieur, les cours d’EP se font en non-mixité (parfois même avec une prof féminine pour les filles et un prof masculin pour les garçons)


AUTRE QUESTION ESSENTIELLE:

« Est-ce que la pratique sportive d’une femme et d’une fille a la même valeur que celle d’un garçon ou d’un homme? » -Edith Maruéjouls


Des infrastructures pour tous et toutes?

Last but not least (pour moi du moins, car je sa-ture!!), Hélène Guerard, l’experte en immobilier et urbanisme, nous expose quelques résultats d’une étude menée sur les infrastructures sportives bruxelloises. Qu’en est-il de l’accès au sport?

67% de pratique masculine dans les clubs à BXL

Elle regrette le fait que les infrastructures sportives ne soient pas pensées d’un point de vue dégenré dès le départ, tant au niveau de l’architecture que pour la gestion.
Il manque:

  • Des espaces pour les enfants (pour les mères qui souhaitent s’entraîner)
  • Des vestiaires pour femmes
  • Accessibilité/ Éclairages qui permettent aux adolescentes et aux femmes de se sentir en sécurité
  • Des espaces de stockage pour leur matériel ou pour accueillir d’autres sports modernes qui se pratiquent en mixité
  • Une statue en bronze de sportive conquérante devant chaque hall des sports du pays (ahem, fake news, là c’est moi qui m’emballe !🤭)



Et pour terminer sur une note positive (sinon on va me traiter de rabat-joie!), petit clap final pour les initiatives des communes de Schaerbeek et Anderlecht qui ont décidé d’agir. L’une en augmentant le montant des chèques Sport pour les filles, l’autre en imposant des contraintes horaires pour atteindre 50% de fréquentation féminine dans la salle « CuroSport » (rue Chimiste).



Visionnez l’événement au complet👇👀

Dans cet article, j’ai choisi de mettre certains éléments en avant, en fonction de ce qui m’a fait réagir. Il ne s’agit donc PAS d’une analyse exhaustive des propos échangés. Si vous souhaitez suivre l’entièreté des discussions, n’hésitez pas à regarder la vidéo ci-dessous.

Cette lecture vous a plu ?

Note moyenne 5 / 5. Nombre de votes: 6

S’abonner
Notification pour
guest

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires

Partagez ce post sur:

Facebook
Twitter
LinkedIn